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Gilles de Kerversau,éloge de l'animal vibrant d'humanité
 
 
  Photo © Jean-Luc Mège
  
Par Françoise Petit 
  
Son troupeau de bêtes transhume de galeries en prairies car il s'adapte a 
tout lieux. Tel un fabuliste qui offre à son siècle des récits fantastiques, 
Gilles de Kerversau sculpte le monde onirique des animaux. Force, dérision, 
tendresse qualifient l'uvre de cet artiste atypique sympathisant avec un drôle 
de gibier... « L'invention humaine est souvent tirée 
du comportement animal, l'homme est vulnérable par sa morphologie dénuée de 
carapace. Il n'a pas non plus d'armes pour combattre physiquement. Il va donc 
s'inspirer de l'animal qui lui en est pourvu. Ce qui m'intéresse dans 
l'expression artistique animalière c'est de rendre à l'animal ce que l'homme lui 
a emprunté ». Cette entrée en manière signée Gilles de Kerversau résume 
parfaitement son exercice de style. Depuis l'enfance, les animaux hantent ce 
Prix de Rome. Battant le pavé des Beaux-arts en 68 à Paris, il loge d'entrée un 
rhinocéros dans son bestiaire! : « C'est une bête bien structurée, j'aime ça 
car c'est complexe, si on veut sculpter un serpent il faut changer de métier ». Bien ancré dans sa passion d'artiste, Gilles de Kerversau, s'est équipé pour 
devenir un véritable nemrod d'émotions... Chacune de ses sculptures raconte une 
histoire tendre, impertinente, caustique, parfois douloureuse. Le crabe samouraï 
par exemple : « Je suis d'origine bretonne, j'avais donc logiquement vendu un 
crabe comme ça à un cancérologue qui avait été fasciné par ce crabe à genoux, en 
position de combat, une attitude qui laissait à penser qu'il faisait plier la 
maladie, j'ai pris cette explication à mon compte »... Autre fable que son 
« rat des villes et son rat des champs » qui n'a rien à envier à monsieur de La 
Fontaine. Se nourrissant d'allégories sociales, Gilles de Kerversau traque 
l'image et pêche des ambiances dans un quotidien simple comme bonjour : «  
Pour mes rats, j'ai été inspiré par mon voisin à la campagne, moi j'avais une 
veste, lui un maillot de corps, en fin de compte, nous avions les mêmes 
préoccupations, la situation du paysan et celle de l'artiste est en fait très 
proche ». Lyon a déjà salué l'artiste chez Verrière et à la Maison des 
Ecritures découvrant alors sa biographique digne des plus grands sculpteurs de 
sa génération : exposition personnelle à la Villa Médicis, résidence au Pratt 
Institute de New-York, accrochages à Bruxelles, Paris, Genève, designer pour la 
cristallerie Daum etc..  Partageant son temps entre un village de la Sarthe et Aix-en-Provence, Gilles de 
Kerversau est apparu récemment au Château de Mantaudry (La Bénisson Dieu près de 
Roanne). Cette propriété de charme abrita l'insolence du plus talentueux avocat 
de la gente animale et l'humour d'un poète caricaturiste : « regardez cette 
pintade, elle est le résultat d'une période ou je travaillais beaucoup pour les 
cristalleries Daum, je sortais, j'étais invité à de nombreux vernissages, je 
croisais d'innombrables « pintades de la mode ». C'était à la fois des 
pimbêches et... (hésitation), si vous connaissez le cri des pintades c'est 
absolument effroyable ». Attention people on vous filme ! Gilles de 
Kerversau sculpte aussi sa propre image à l'instar du sanglier solitaire : « C'est 
un sanglier qui se balade les mains dans le dos et qui n'a jamais été touché par 
les chasseurs, une sorte d'auto-portrait. Regardez-moi, j'ai souvent les mains 
dans le dos ».... Bête comme chou !  Contact à Lyon pour Gilles de Kerversau
 Elisabeth Perrier Verrière
 04 78 27 28 71
 06 15 79 32 27
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